
Une interface utilisateur de qualité, chacun la reconnaît lorsqu’il la voit, mais ses composantes, ses priorités, sont plus difficiles à apprécier. Notre checklist pratique des points de vigilance et des bonnes pratiques, que vous lanciez un nouveau projet web ou que vous cherchiez à améliorer l’existant. Objectif : convertir !
L’interface utilisateur (UI) n’est pas toujours le seul élément de l’expérience globale (UX), laquelle comprend aussi le support humain, la logistique et la prise en main du produit physique le cas échéant, mais évidemment elle est essentielle pour que les visiteurs de votre site :
- Comprennent instantanément où ils sont et ce qu’ils peuvent y faire
- Trouvent facilement ce qu’ils cherchent
- Accomplissent leurs objectifs sans friction ni frustration
- Repartent avec une impression positive qui les incite à revenir
Plus concrètement, une bonne UI se traduit par des indicateurs de réussite mesurables : taux de rebond en baisse, temps passé sur le site en hausse, conversions qui augmentent, retours clients positifs.
L’UI ne se limite pas au design visuel (même si c’en est une composante, nombre d’exemples – Amazon, Booking, leboncoin… ne se distinguent d’ailleurs même pas par leur design, loin s’en faut, mais pourtant sont terriblement efficaces). L’UI englobe l’architecture de l’information, la navigation, la performance, l’accessibilité, le contenu, et tous les micro-interactions qui jalonnent le parcours de vos visiteurs.
Les 10 principes fondamentaux de l’UI
1. Mettez l’utilisateur au centre, pas votre organisation
Le principe : Votre site doit refléter principalement les besoins et le langage de vos utilisateurs, pas votre organigramme interne ou votre jargon métier.
En pratique : N’enterrez pas les rubriques qui correspondent aux besoins de vos clients dans un troisième niveau de menu, construisez d’ailleurs vos menus et votre navigation selon une logique qui leur parle, même si votre logique interne est différente.
Erreurs classiques : Utiliser des termes qui vous paraissent certes les plus justes, mais ne parlent pas à vos utilisateurs ; parlez de vous plus que d’eux ; mettre trop en avant les contenus institutionnels/corporate alors que vos utilisateurs veulent d’abord savoir ce que vous pouvez faire pour eux.
2. La simplicité avant tout
Le principe : Chaque élément superflu sur une page détourne l’attention de l’essentiel. La simplicité n’est pas l’absence de contenu, c’est l’absence de contenu inutile. Less is more.
En pratique : Une page d’accueil doit répondre en quelques secondes à trois questions : qui êtes-vous, que proposez-vous, pourquoi vous choisir ? Et aiguiller vite en fonction des profils et besoins. Tout le reste est secondaire.
Erreurs classiques : Vouloir tout dire sur la page d’accueil. Les diaporamas avec cinq slides que personne ne regarde. Les pavés de texte que personne ne lit. Les fonctionnalités « au cas où » qui encombrent l’interface.
3. La cohérence crée la confiance
Le principe : Les utilisateurs ne doivent pas avoir à réapprendre comment fonctionne votre site à chaque page. Les codes, les emplacements, les comportements doivent rester cohérents.
En pratique : Votre logo reste toujours en haut à gauche et ramène à l’accueil. Vos boutons principaux gardent la même apparence partout. Votre menu ne change pas de structure selon les pages.
Erreurs classiques : Des élements graphiques qui changent de forme pour la même fonction. Des formulaires qui demandent les mêmes informations mais dans un ordre différent…
4. Guidez, ne faites pas chercher
Le principe : Vos utilisateurs ont un objectif. Votre rôle est de les y mener de la manière la plus fluide possible, pas de les laisser errer.
En pratique : Des call-to-action clairs et visibles. Un fil d’Ariane (oui, oui, ils sont toujours pertinents en 2026) pour savoir où on est. Des suggestions de contenu pertinentes. Des messages d’erreur qui expliquent comment corriger le problème, placés au bon endroit, qui apparaissent vite (si possible dès qu’on s’est trompé sur un champ de formulaire, pas à la validation complète du formulaire).
Erreurs classiques : Un formulaire qui affiche « Erreur » sans préciser quel champ pose problème. Des pages de résultats sans filtre pertinent, voire sans aucun résultat (alors que même si aucun contenu n’est trouvé, des suggestions approchantes, au pire génériques peuvent être proposées).
5. Réduisez la charge cognitive
Le principe : Le cerveau humain a une capacité limitée à traiter l’information. Ne surchargez pas vos utilisateurs.
En pratique : Limitez les choix (quelques options maximum dans un menu). Regroupez les informations liées. Utilisez des visuels pour faciliter la compréhension. Découpez les processus longs en étapes.
Erreurs classiques : Un formulaire d’inscription avec 25 champs sur une seule page. Un menu déroulant avec 50 options non catégorisées. Des paragraphes denses sans aération ni hiérarchie visuelle. Tout compte.
6. La vitesse fait partie de l’expérience
Le principe : Chaque seconde de chargement supplémentaire fait fuir des utilisateurs. La performance n’est pas qu’une question technique, c’est une question d’expérience.
En pratique : Un site qui se charge en moins de trois secondes. Des images optimisées (en taille, en format, en compression). Un affichage progressif du contenu. Des feedbacks immédiats quand l’utilisateur clique.
Erreurs classiques : Des images haute résolution non compressées, des PNG quand un JPEG suffisait. Des vidéos en autoplay qui plombent le chargement. L’absence d’indication de chargement (barre de progression ou autre) qui laisse l’utilisateur dans le doute.
7. Le mobile n’est pas une option, c’est une priorité dans le cas général
Le principe : Plus de 60% du trafic web vient désormais du mobile. Un site qui ne fonctionne pas parfaitement sur smartphone est un site qui perd plus de la moitié de son audience. Même si votre traffic n’est pas majoritairement mobile, les moteurs de recherche comme Google vous pénaliseront si l’expérience petit écran n’est pas bonne.
En pratique : Un design responsive qui s’adapte automatiquement. Des boutons suffisamment grands et espacés pour être cliqués au doigt. Des formulaires simplifiés sur mobile. Une navigation repensée pour les petits écrans.
Erreurs classiques : Un menu trop complexe impossible à utiliser sur mobile. Des formulaires avec des champs minuscules. Du texte illisible sans zoomer. Des éléments qui se chevauchent. Des visuels immersifs sur grand écran mais qui perdent leur sens sur petit…
8. L’accessibilité bénéficie à tous
Le principe : Un site accessible aux personnes en situation de handicap est un site plus facile à utiliser pour tout le monde. Mais l’accessibilité n’est pas que le handicap : c’est aussi les vieux équipements, les connexions lentes, etc.
En pratique : Des contrastes de couleurs suffisants. Des textes alternatifs sur les images. Une navigation possible au clavier. Des vidéos sous-titrées. Une structure HTML sémantique. Un usage du site possible même en faible connexion et avec une vieille configuration.
Erreurs classiques : Du texte gris clair sur fond blanc. Des informations transmises uniquement par la couleur. Des vidéos sans transcription. Une impossibilité de naviguer sans souris. L’usage de technologies dernier cri incompatibles avec les anciens navigateurs et sans plan B.
9. Le contenu est roi, mais le contexte est empereur
Le principe : Le meilleur contenu du monde ne sert à rien s’il arrive au mauvais moment, au mauvais endroit, ou dans le mauvais format.
En pratique : Adaptez votre ton et votre niveau de détail selon l’étape du parcours. Proposez l’information pertinente au moment où elle est nécessaire. Ne noyez pas vos visiteurs sous des détails techniques quand ils découvrent votre offre.
Erreurs classiques : Ne pas tenir compte des comportements de lecture rapide et volatils. Ne pas assez accompagner notamment dans le remplissage de formulaire. Négliger l’onboarding. Surcharger d’informations, à l’inverse, quand ce n’est pas nécessaire.
10. Testez, mesurez, améliorez
Le principe : Vos intuitions sur ce qui fonctionne sont probablement fausses. Seuls les tests avec de vrais utilisateurs vous diront la vérité.
En pratique : Observez comment les gens utilisent vraiment votre site. Analysez les données (Google Analytics). Testez des variantes (A/B testing). Récoltez des retours utilisateurs. Itérez en continu.
Erreurs classiques : Lancer un site et ne plus jamais y toucher. Se fier uniquement à son ressenti personnel. Ignorer les retours utilisateurs négatifs. Changer des éléments au hasard sans mesurer les conséquences.
Les 10 composantes naturelles de l’expérience
Maintenant, essayons d’être plus opérationnel et d’aller vers des éléments actionnables. Une première façon de voir les choses est de décomposer l’expérience en sous-éléments. Prenons une analogie : si vous allez faire vos courses au marché, le dimanche, vos commerçants préférés vont certainement être ceux :
- Dont les produits sont bien agencés, faciles à identifier
- Qui présentent bien, pas forcément avec des fioritures, juste bien
- Qui vont vous reconnaître, personnaliser leur service
- Qui vont vous conseiller lorsque vous en avez besoin, vous servir vite dans le cas contraire
- Qui vont vous rassurer, être transparents ; auprès desquels vous allez être en confiance
- Qui bénéficieront de bonnes recommandations
- Qui vont peut-être vous proposer des services plus plus (composition de plateau de fromages par exemple, ouverture d’huîtres, que sais-je encore…)
- Qui sauront vous fidéliser (carte, réductions…)
- Dont le ton sera engageant, sympathique
- Qui vont vous proposer une expérience d’achat finalement fluide et sans stress
Bref, vous l’avez compris, c’est un peu la même chose sur le Web, si ce n’est même exactement la même chose ! Utilisez cette grille vous permettra de vérifier que vous avez mené des actions sur les différents points, ou de dégager des priorités d’optimisation.
Temps-complexité-conseil : les trois paramètres d’évaluation de vos parcours
Une deuxième manière, complémentaire, de voir les choses, est de considérer trois grands paramètres qualitatifs de vos parcours utilisateurs :
- Nécessitent-ils du temps et ce temps peut-il être réduit, doit-il même l’être ?
- Sont-ils par nature complexes, et cette complexité peut-elle être réduite ?
- Doivent-ils être accompagnés de conseils et à quel degré ?
Prenons un exemple : si votre utilisateur cherche à accéder rapidement à une information, ce parcours ne devrait pas lui prendre du temps, ne paraît pas intrinsèquement complexe et l’accès en lui-même à l’information ne nécessite pas spécialement de conseils. Il « suffit » de créer les conditions pour que soit, par la navigation intuitive ou un bon moteur de recherche, trouvable le bon contenu facilement et rapidement.
En revanche, si votre utilisateur doit souscrire à un produit complexe comme par exemple une assurance-vie en ligne, le parcours sera plus long, plus délicat en termes d’interface car nécessitant de longs formulaires, la fourniture de pièces justificatives, etc. et il y a de fortes chances que des explications soient nécessaires quant au choix de la répartition des capitaux, entre autres choses. Dès lors, la question qui se posera sera : puis-je réduire la complexité ? (Pas nécessairement.) Le temps ? (Sans doute, en trouvant des astuces UI pour accélérer le remplissage des champs.) Augmenter le niveau de conseil ? (Certainement, et relativement facilement du reste).
Bref, raisonner en fonction des trois paramètres temps-complexité-conseil va s’appliquer à peu près à tous les parcours (faites l’exercice !) et constituera une manière complémentaire de se poser les bonnes questions.

Notre checklist des points de vigilance UI
Pour enrichir encore l’analyse, voici notre checklist pour auditer votre site existant ou valider un nouveau projet du point de vue UI :
Navigation et architecture
Le visiteur comprend-il immédiatement où il se trouve et ce qu’il peut faire ?
Le menu principal contient-il moins de 7 éléments (idéalement moins de 5) de premier niveau ?
Peut-on accéder à n’importe quelle page importante en 3 clics maximum ?
Le fil d’Ariane indique-t-il clairement le chemin parcouru ?
Le moteur de recherche (si présent) est-il visible et efficace ?
Les liens sont-ils facilement identifiables ?
Y a-t-il des impasses (pages sans suite logique) ?
Contenu et lisibilité
Le titre de chaque page décrit-il clairement son contenu ?
La hiérarchie visuelle est-elle claire (titres, sous-titres, paragraphes) ?
Les paragraphes font-ils moins de 4-5 lignes ?
La police est-elle suffisamment grande (minimum 16px pour le corps de texte) ?
Le contraste texte/fond est-il suffisant (ratio minimum 4.5:1) ?
Les informations essentielles sont-elles visibles sans scroll ou, à défaut, avec de clairs repères visuels ?
Les messages d’erreur sont-ils clairs et constructifs ?
Actions et conversion
Les call-to-action principaux sont-ils visibles et explicites ?
Les boutons ressemblent-ils à des boutons (cliquables) ?
Les formulaires demandent-ils uniquement l’essentiel ?
Les champs de formulaire ont-ils des labels clairs ?
Les erreurs de saisie sont-elles indiquées quasi-immédiatement ?
Le processus d’achat/inscription est-il le plus court possible ?
Peut-on facilement revenir en arrière sans perdre ses données ?
Performance et technique
Le site se charge-t-il en moins de 3 secondes ?
Les images sont-elles optimisées ?
Y a-t-il un indicateur de chargement pour les actions longues ?
Le site fonctionne-t-il en « progressive enhancement » (si certaines fonctionnalités avancées ne sont pas compatibles avec l’équipement des utilisateurs, le site reste-t-il toutefois majoritairement utilisable) ?
Les liens externes s’ouvrent-ils dans un nouvel onglet ?
Les vidéos ne se lancent-elles pas automatiquement ?
Le site fonctionne-t-il sur les navigateurs principaux ?
Mobile et responsive
Le site est-il parfaitement utilisable sur smartphone ?
Les boutons sont-ils suffisamment grands et espacés ?
Le texte est-il lisible sans zoomer ?
Le menu mobile est-il facile à utiliser ?
Les formulaires sont-ils adaptés au mobile ?
Les tableaux sont-ils scrollables horizontalement si nécessaire ?
Les popups ne bloquent-ils pas l’expérience mobile ?
Accessibilité
Les images ont-elles toutes un texte alternatif ?
La navigation au clavier est-elle possible et logique ?
Les vidéos ont-elles des sous-titres ?
La structure HTML est-elle sémantique (h1, h2, nav, etc.) ?
Les contrastes respectent-ils les normes WCAG ?
Les formulaires sont-ils bien structurés pour les lecteurs d’écran ?
Les animations respectent-elles les préférences de mouvement réduit ?
Trust et réassurance
Les mentions légales sont-elles accessibles ?
La politique de confidentialité est-elle claire ?
Les moyens de contact sont-ils visibles ?
Y a-t-il des preuves sociales (témoignages, logos clients) ?
Les certifications/labels sont-ils affichés si pertinents ?
Le https est-il activé (cadenas dans la barre d’adresse) ?
Les conditions de vente/utilisation sont-elles facilement accessibles ?
On pourrait encore rajouter de nombreux points, mais ceci constitue déjà une bonne liste dans la plupart des cas.
Quelques erreurs UI qui coûtent cher
Pour conclure, résumer et ouvrir, listons une série de choses à ne PAS faire :
1. Ne pas définir les objectifs utilisateurs ET business Sans savoir ce que vous voulez obtenir ET ce que vos visiteurs veulent accomplir, vous naviguez à l’aveugle. Résultat : un site sans direction claire.
2. Copier la concurrence sans réfléchir Ce qui marche chez eux ne marchera pas forcément chez vous. Inspirez-vous, mais adaptez à votre contexte.
3. Privilégier l’esthétique sur l’utilisabilité Un site magnifique mais inutilisable est un échec. L’inverse (site moche mais fonctionnel) a plus de chances de réussir.
4. Négliger la phase de recherche utilisateur « Je connais mes utilisateurs » est souvent faux. Testez vos hypothèses avec de vraies personnes avant de tout construire.
5. Vouloir réinventer les conventions Les utilisateurs ont des habitudes. Un logo qui ne ramène pas à l’accueil, un menu caché sans raison, un processus de paiement original… autant de sources de friction inutiles.
6. Optimiser pour vous, pas pour vos utilisateurs « Moi je trouve ça évident » n’est pas un argument. Vous connaissez votre site par cœur, vos visiteurs le découvrent.
7. Lancer sans tester Même 5 tests utilisateurs suffisent à identifier 85% des problèmes majeurs. Ne pas tester avant de lancer est un pari coûteux.
Évidemment, tous ces bons principes prennent du temps à contrôler et nécessitent des actions concrètes et intelligentes par la suite pour être réglés ou améliorés, priorisés et sélectionnés, dans un temps et budget raisonnable. C’est alors que l’aide d’un professionnel, qui maîtrise les enjeux mais surtout les bonnes pratiques, devient clé. C’est le métier, la spécialisation d’Iperiago, qui peut vous aider à toutes les étapes. L’UI est une somme qui fait un tout, et, c’est bien connu, les petits ruisseaux font les grandes rivières.