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Les leviers de l’expérience utilisateur numérique en 2026. Guide et checklist

Temps de lecture : 10 minutes

Les leviers de l'expérience utilisateur numérique en 2026

Une interface utilisateur de qualité, chacun la reconnaît lorsqu’il la voit, mais ses composantes, ses priorités, sont plus difficiles à apprécier. Notre checklist pratique des points de vigilance et des bonnes pratiques, que vous lanciez un nouveau projet web ou que vous cherchiez à améliorer l’existant. Objectif : convertir !

L’interface utilisateur (UI) n’est pas toujours le seul élément de l’expérience globale (UX), laquelle comprend aussi le support humain, la logistique et la prise en main du produit physique le cas échéant, mais évidemment elle est essentielle pour que les visiteurs de votre site :

  • Comprennent instantanément où ils sont et ce qu’ils peuvent y faire
  • Trouvent facilement ce qu’ils cherchent
  • Accomplissent leurs objectifs sans friction ni frustration
  • Repartent avec une impression positive qui les incite à revenir

Plus concrètement, une bonne UI se traduit par des indicateurs de réussite mesurables : taux de rebond en baisse, temps passé sur le site en hausse, conversions qui augmentent, retours clients positifs.

L’UI ne se limite pas au design visuel (même si c’en est une composante, nombre d’exemples – Amazon, Booking, leboncoin… ne se distinguent d’ailleurs même pas par leur design, loin s’en faut, mais pourtant sont terriblement efficaces). L’UI englobe l’architecture de l’information, la navigation, la performance, l’accessibilité, le contenu, et tous les micro-interactions qui jalonnent le parcours de vos visiteurs.

Les 10 principes fondamentaux de l’UI

1. Mettez l’utilisateur au centre, pas votre organisation

Le principe : Votre site doit refléter principalement les besoins et le langage de vos utilisateurs, pas votre organigramme interne ou votre jargon métier.

En pratique : N’enterrez pas les rubriques qui correspondent aux besoins de vos clients dans un troisième niveau de menu, construisez d’ailleurs vos menus et votre navigation selon une logique qui leur parle, même si votre logique interne est différente.

Erreurs classiques : Utiliser des termes qui vous paraissent certes les plus justes, mais ne parlent pas à vos utilisateurs ; parlez de vous plus que d’eux ; mettre trop en avant les contenus institutionnels/corporate alors que vos utilisateurs veulent d’abord savoir ce que vous pouvez faire pour eux.

2. La simplicité avant tout

Le principe : Chaque élément superflu sur une page détourne l’attention de l’essentiel. La simplicité n’est pas l’absence de contenu, c’est l’absence de contenu inutile. Less is more.

En pratique : Une page d’accueil doit répondre en quelques secondes à trois questions : qui êtes-vous, que proposez-vous, pourquoi vous choisir ? Et aiguiller vite en fonction des profils et besoins. Tout le reste est secondaire.

Erreurs classiques : Vouloir tout dire sur la page d’accueil. Les diaporamas avec cinq slides que personne ne regarde. Les pavés de texte que personne ne lit. Les fonctionnalités « au cas où » qui encombrent l’interface.

3. La cohérence crée la confiance

Le principe : Les utilisateurs ne doivent pas avoir à réapprendre comment fonctionne votre site à chaque page. Les codes, les emplacements, les comportements doivent rester cohérents.

En pratique : Votre logo reste toujours en haut à gauche et ramène à l’accueil. Vos boutons principaux gardent la même apparence partout. Votre menu ne change pas de structure selon les pages.

Erreurs classiques : Des élements graphiques qui changent de forme pour la même fonction. Des formulaires qui demandent les mêmes informations mais dans un ordre différent…

4. Guidez, ne faites pas chercher

Le principe : Vos utilisateurs ont un objectif. Votre rôle est de les y mener de la manière la plus fluide possible, pas de les laisser errer.

En pratique : Des call-to-action clairs et visibles. Un fil d’Ariane (oui, oui, ils sont toujours pertinents en 2026) pour savoir où on est. Des suggestions de contenu pertinentes. Des messages d’erreur qui expliquent comment corriger le problème, placés au bon endroit, qui apparaissent vite (si possible dès qu’on s’est trompé sur un champ de formulaire, pas à la validation complète du formulaire).

Erreurs classiques : Un formulaire qui affiche « Erreur » sans préciser quel champ pose problème. Des pages de résultats sans filtre pertinent, voire sans aucun résultat (alors que même si aucun contenu n’est trouvé, des suggestions approchantes, au pire génériques peuvent être proposées).

5. Réduisez la charge cognitive

Le principe : Le cerveau humain a une capacité limitée à traiter l’information. Ne surchargez pas vos utilisateurs.

En pratique : Limitez les choix (quelques options maximum dans un menu). Regroupez les informations liées. Utilisez des visuels pour faciliter la compréhension. Découpez les processus longs en étapes.

Erreurs classiques : Un formulaire d’inscription avec 25 champs sur une seule page. Un menu déroulant avec 50 options non catégorisées. Des paragraphes denses sans aération ni hiérarchie visuelle. Tout compte.

6. La vitesse fait partie de l’expérience

Le principe : Chaque seconde de chargement supplémentaire fait fuir des utilisateurs. La performance n’est pas qu’une question technique, c’est une question d’expérience.

En pratique : Un site qui se charge en moins de trois secondes. Des images optimisées (en taille, en format, en compression). Un affichage progressif du contenu. Des feedbacks immédiats quand l’utilisateur clique.

Erreurs classiques : Des images haute résolution non compressées, des PNG quand un JPEG suffisait. Des vidéos en autoplay qui plombent le chargement. L’absence d’indication de chargement (barre de progression ou autre) qui laisse l’utilisateur dans le doute.

7. Le mobile n’est pas une option, c’est une priorité dans le cas général

Le principe : Plus de 60% du trafic web vient désormais du mobile. Un site qui ne fonctionne pas parfaitement sur smartphone est un site qui perd plus de la moitié de son audience. Même si votre traffic n’est pas majoritairement mobile, les moteurs de recherche comme Google vous pénaliseront si l’expérience petit écran n’est pas bonne.

En pratique : Un design responsive qui s’adapte automatiquement. Des boutons suffisamment grands et espacés pour être cliqués au doigt. Des formulaires simplifiés sur mobile. Une navigation repensée pour les petits écrans.

Erreurs classiques : Un menu trop complexe impossible à utiliser sur mobile. Des formulaires avec des champs minuscules. Du texte illisible sans zoomer. Des éléments qui se chevauchent. Des visuels immersifs sur grand écran mais qui perdent leur sens sur petit…

8. L’accessibilité bénéficie à tous

Le principe : Un site accessible aux personnes en situation de handicap est un site plus facile à utiliser pour tout le monde. Mais l’accessibilité n’est pas que le handicap : c’est aussi les vieux équipements, les connexions lentes, etc.

En pratique : Des contrastes de couleurs suffisants. Des textes alternatifs sur les images. Une navigation possible au clavier. Des vidéos sous-titrées. Une structure HTML sémantique. Un usage du site possible même en faible connexion et avec une vieille configuration.

Erreurs classiques : Du texte gris clair sur fond blanc. Des informations transmises uniquement par la couleur. Des vidéos sans transcription. Une impossibilité de naviguer sans souris. L’usage de technologies dernier cri incompatibles avec les anciens navigateurs et sans plan B.

9. Le contenu est roi, mais le contexte est empereur

Le principe : Le meilleur contenu du monde ne sert à rien s’il arrive au mauvais moment, au mauvais endroit, ou dans le mauvais format.

En pratique : Adaptez votre ton et votre niveau de détail selon l’étape du parcours. Proposez l’information pertinente au moment où elle est nécessaire. Ne noyez pas vos visiteurs sous des détails techniques quand ils découvrent votre offre.

Erreurs classiques : Ne pas tenir compte des comportements de lecture rapide et volatils. Ne pas assez accompagner notamment dans le remplissage de formulaire. Négliger l’onboarding. Surcharger d’informations, à l’inverse, quand ce n’est pas nécessaire.

10. Testez, mesurez, améliorez

Le principe : Vos intuitions sur ce qui fonctionne sont probablement fausses. Seuls les tests avec de vrais utilisateurs vous diront la vérité.

En pratique : Observez comment les gens utilisent vraiment votre site. Analysez les données (Google Analytics). Testez des variantes (A/B testing). Récoltez des retours utilisateurs. Itérez en continu.

Erreurs classiques : Lancer un site et ne plus jamais y toucher. Se fier uniquement à son ressenti personnel. Ignorer les retours utilisateurs négatifs. Changer des éléments au hasard sans mesurer les conséquences.

Les 10 composantes naturelles de l’expérience

Maintenant, essayons d’être plus opérationnel et d’aller vers des éléments actionnables. Une première façon de voir les choses est de  décomposer l’expérience en sous-éléments. Prenons une analogie : si vous allez faire vos courses au marché, le dimanche, vos commerçants préférés vont certainement être ceux :

  1. Dont les produits sont bien agencés, faciles à identifier
  2. Qui présentent bien, pas forcément avec des fioritures, juste bien
  3. Qui vont vous reconnaître, personnaliser leur service
  4. Qui vont vous conseiller lorsque vous en avez besoin, vous servir vite dans le cas contraire
  5. Qui vont vous rassurer, être transparents ; auprès desquels vous allez être en confiance
  6. Qui bénéficieront de bonnes recommandations
  7. Qui vont peut-être vous proposer des services plus plus (composition de plateau de fromages par exemple, ouverture d’huîtres, que sais-je encore…)
  8. Qui sauront vous fidéliser (carte, réductions…)
  9. Dont le ton sera engageant, sympathique
  10. Qui vont vous proposer une expérience d’achat finalement fluide et sans stress

Bref, vous l’avez compris, c’est un peu la même chose sur le Web, si ce n’est même exactement la même chose ! Utilisez cette grille vous permettra de vérifier que vous avez mené des actions sur les différents points, ou de dégager des priorités d’optimisation.

Temps-complexité-conseil : les trois paramètres d’évaluation de vos parcours

Une deuxième manière, complémentaire, de voir les choses, est de considérer trois grands paramètres qualitatifs de vos parcours utilisateurs :

  1. Nécessitent-ils du temps et ce temps peut-il être réduit, doit-il même l’être ?
  2. Sont-ils par nature complexes, et cette complexité peut-elle être réduite ?
  3. Doivent-ils être accompagnés de conseils et à quel degré ?

Prenons un exemple : si votre utilisateur cherche à accéder rapidement à une information, ce parcours ne devrait pas lui prendre du temps, ne paraît pas intrinsèquement complexe et l’accès en lui-même à l’information ne nécessite pas spécialement de conseils. Il « suffit » de créer les conditions pour que soit, par la navigation intuitive ou un bon moteur de recherche, trouvable le bon contenu facilement et rapidement.

En revanche, si votre utilisateur doit souscrire à un produit complexe comme par exemple une assurance-vie en ligne, le parcours sera plus long, plus délicat en termes d’interface car nécessitant de longs formulaires, la fourniture de pièces justificatives, etc. et il y a de fortes chances que des explications soient nécessaires quant au choix de la répartition des capitaux, entre autres choses. Dès lors, la question qui se posera sera : puis-je réduire la complexité ? (Pas nécessairement.) Le temps ? (Sans doute, en trouvant des astuces UI pour accélérer le remplissage des champs.) Augmenter le niveau de conseil ? (Certainement, et relativement facilement du reste).

Bref, raisonner en fonction des trois paramètres temps-complexité-conseil va s’appliquer à peu près à tous les parcours (faites l’exercice !) et constituera une manière complémentaire de se poser les bonnes questions.

Comment optimiser le parcours utilisateur

Notre checklist des points de vigilance UI

Pour enrichir encore l’analyse, voici notre checklist pour auditer votre site existant ou valider un nouveau projet du point de vue UI :

Navigation et architecture

Le visiteur comprend-il immédiatement où il se trouve et ce qu’il peut faire ?

Le menu principal contient-il moins de 7 éléments (idéalement moins de 5) de premier niveau ?

Peut-on accéder à n’importe quelle page importante en 3 clics maximum ?

Le fil d’Ariane indique-t-il clairement le chemin parcouru ?

Le moteur de recherche (si présent) est-il visible et efficace ?

Les liens sont-ils facilement identifiables ?

Y a-t-il des impasses (pages sans suite logique) ?

Contenu et lisibilité

Le titre de chaque page décrit-il clairement son contenu ?

La hiérarchie visuelle est-elle claire (titres, sous-titres, paragraphes) ?

Les paragraphes font-ils moins de 4-5 lignes ?

La police est-elle suffisamment grande (minimum 16px pour le corps de texte) ?

Le contraste texte/fond est-il suffisant (ratio minimum 4.5:1) ?

Les informations essentielles sont-elles visibles sans scroll ou, à défaut, avec de clairs repères visuels ?

Les messages d’erreur sont-ils clairs et constructifs ?

Actions et conversion

Les call-to-action principaux sont-ils visibles et explicites ?

Les boutons ressemblent-ils à des boutons (cliquables) ?

Les formulaires demandent-ils uniquement l’essentiel ?

Les champs de formulaire ont-ils des labels clairs ?

Les erreurs de saisie sont-elles indiquées quasi-immédiatement ?

Le processus d’achat/inscription est-il le plus court possible ?

Peut-on facilement revenir en arrière sans perdre ses données ?

Performance et technique

Le site se charge-t-il en moins de 3 secondes ?

Les images sont-elles optimisées ?

Y a-t-il un indicateur de chargement pour les actions longues ?

Le site fonctionne-t-il en « progressive enhancement » (si certaines fonctionnalités avancées ne sont pas compatibles avec l’équipement des utilisateurs, le site reste-t-il toutefois majoritairement utilisable) ?

Les liens externes s’ouvrent-ils dans un nouvel onglet ?

Les vidéos ne se lancent-elles pas automatiquement ?

Le site fonctionne-t-il sur les navigateurs principaux ?

Mobile et responsive

Le site est-il parfaitement utilisable sur smartphone ?

Les boutons sont-ils suffisamment grands et espacés ?

Le texte est-il lisible sans zoomer ?

Le menu mobile est-il facile à utiliser ?

Les formulaires sont-ils adaptés au mobile ?

Les tableaux sont-ils scrollables horizontalement si nécessaire ?

Les popups ne bloquent-ils pas l’expérience mobile ?

Accessibilité

Les images ont-elles toutes un texte alternatif ?

La navigation au clavier est-elle possible et logique ?

Les vidéos ont-elles des sous-titres ?

La structure HTML est-elle sémantique (h1, h2, nav, etc.) ?

Les contrastes respectent-ils les normes WCAG ?

Les formulaires sont-ils bien structurés pour les lecteurs d’écran ?

Les animations respectent-elles les préférences de mouvement réduit ?

Trust et réassurance

Les mentions légales sont-elles accessibles ?

La politique de confidentialité est-elle claire ?

Les moyens de contact sont-ils visibles ?

Y a-t-il des preuves sociales (témoignages, logos clients) ?

Les certifications/labels sont-ils affichés si pertinents ?

Le https est-il activé (cadenas dans la barre d’adresse) ?

Les conditions de vente/utilisation sont-elles facilement accessibles ?

On pourrait encore rajouter de nombreux points, mais ceci constitue déjà une bonne liste dans la plupart des cas.

Quelques erreurs UI qui coûtent cher

Pour conclure, résumer et ouvrir, listons une série de choses à ne PAS faire :

1. Ne pas définir les objectifs utilisateurs ET business Sans savoir ce que vous voulez obtenir ET ce que vos visiteurs veulent accomplir, vous naviguez à l’aveugle. Résultat : un site sans direction claire.

2. Copier la concurrence sans réfléchir Ce qui marche chez eux ne marchera pas forcément chez vous. Inspirez-vous, mais adaptez à votre contexte.

3. Privilégier l’esthétique sur l’utilisabilité Un site magnifique mais inutilisable est un échec. L’inverse (site moche mais fonctionnel) a plus de chances de réussir.

4. Négliger la phase de recherche utilisateur « Je connais mes utilisateurs » est souvent faux. Testez vos hypothèses avec de vraies personnes avant de tout construire.

5. Vouloir réinventer les conventions Les utilisateurs ont des habitudes. Un logo qui ne ramène pas à l’accueil, un menu caché sans raison, un processus de paiement original… autant de sources de friction inutiles.

6. Optimiser pour vous, pas pour vos utilisateurs « Moi je trouve ça évident » n’est pas un argument. Vous connaissez votre site par cœur, vos visiteurs le découvrent.

7. Lancer sans tester Même 5 tests utilisateurs suffisent à identifier 85% des problèmes majeurs. Ne pas tester avant de lancer est un pari coûteux.


Évidemment, tous ces bons principes prennent du temps à contrôler et nécessitent des actions concrètes et intelligentes par la suite pour être réglés ou améliorés, priorisés et sélectionnés, dans un temps et budget raisonnable. C’est alors que l’aide d’un professionnel, qui maîtrise les enjeux mais surtout les bonnes pratiques, devient clé. C’est le métier, la spécialisation d’Iperiago, qui peut vous aider à toutes les étapes. L’UI est une somme qui fait un tout, et, c’est bien connu, les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Comment s’assurer que votre site répondra vraiment aux besoins : la méthodologie

Temps de lecture : 10 minutesComment s'assurer que votre site répondra vraiment aux besoins avec le Design Thinking

Vous êtes sur le point de lancer ou refondre votre site web. Vous avez des idées, des convictions, peut-être même déjà choisi des fonctionnalités. Mais avez-vous la certitude que votre site répondra aux véritables besoins de vos utilisateurs ? Que vous ne passez pas à côté de l’essentiel ? Notre approche, basée sur le Design Thinking, avec ses cinq grandes étapes et ses livrables concrets.

Scénario classique : vous lancez un site avec des fonctionnalités que vous jugez indispensables. Six mois plus tard, vous constatez que personne ne les utilise, que vos visiteurs cherchent autre chose, que votre taux de conversion est décevant. Vous avez investi du temps et de l’argent… à perte. Et ce n’est pas une question d’incompétence, mais de méthode. L’approche dite de Design Thinking vise à fournir un cadre logique et rigoureux pour partir de l’écoute de vos utilisateurs et concevoir précisément sans investir lourdement en technologie. Elle s’inscrit dans le cadre plus global de l’agilité. Résultat : un site qui répond à de vrais besoins, validés empiriquement, avec un risque d’échec considérablement réduit.

Notre approche du Design Thinking peut légèrement différer de la théorie habituelle (nous le mentionnerons ci-dessous lorsque le cas se présentera), car nous estimons que toute méthode doit comporter une part de souplesse pour être pleinement opérationnelle dans tous les cas, et pas seulement pour les gros projets, mais elle en reprend l’essentiel et notamment ses trois piliers :

  1. Être centré sur l’utilisateur, le client, le visiteur : On commence par comprendre profondément les utilisateurs, leurs contextes, leurs frustrations, leurs objectifs réels.
  2. Être collaboratif et pluridisciplinaire : Les meilleures solutions émergent de la confrontation de points de vue variés (métier, technique, design, utilisateurs).
  3. Être empirique et itératif : On teste rapidement, on échoue vite et à moindre coût, on apprend, on améliore.

Phase 1 : Comprendre vos utilisateurs

Objectif : Sortir de vos suppositions et découvrir ce que vivent, pensent et ressentent vraiment vos utilisateurs.

Durée recommandée : 2-4 semaines

Appelée phase d’empathie dans la méthodologie du Design Thinking, elle consiste à mobiliser les moyens nécessaires pour récolter l’ensemble des points de vue, pratiques et attentes, principalement de vos utilisateurs, mais cela ne veut pas dire qu’il faille négliger l’écoute interne également (recenser les mêmes éléments pour tous les collaborateurs qui ont, de près ou de loin, leur mot à dire sur un projet numérique, que ce soit le juridique, la finance, l’informatique bien sûr, les commerciaux, etc., est bien sûr une évidence).

Cette phase prend du temps et peut-être coûteuse si l’on déploie un large arsenal de dispositifs, mais il va sans dire que si les besoins ne sont exprimés que du point de vue interne, le scénario catastrophe décrit en introduction aura plus de chance de se produire. Il faut donc considérer au moins quelques unes des actions possibles dans cette phase. Parmi elles citons :

  • L’Analyse de l’existant : si vous disposez déjà un site : analysez Google Analytics, vos heatmaps (Hotjar), des enregistrements de sessions ; Identifiez où les utilisateurs bloquent, abandonnent, se perdent ; examinez les retours support, les emails de réclamation ; et bien sûr faites du benchmarking : étudiez les sites concurrents et déterminez ce qui fonctionne chez eux, mais aussi ce qui ne fonctionne pas.
  • Les enquêtes quantitatives : vous pouvez passer par vos propres bases client, ou par des panélistes, ou les deux, assurez-vous simplement d’avoir une base de réponses statistiquement représentative et gardez à l’esprit que les chiffres disent « quoi » mais rarement « pourquoi ».
  • Les entretiens qualitatifs : mobilisez 10-15 utilisateurs représentatifs en face à face (focus group de 2 à 3 heures) ou en visio (30-60 min chacun) et posez des questions ouvertes : « Racontez-moi la dernière fois que… », « Qu’est-ce qui vous frustre dans… », « Comment faites-vous actuellement pour… ». N’orientez pas à l’excès : vous êtes là pour découvrir, pas pour valider vos idées. Apprenez leurs attitudes vis à vis de votre secteur ou types de produits ou services, mais aussi vis à vis de votre marque et de votre proposition de valeur.
  • L’écoute sociale : faites de la veille sur les médias sociaux – veille par mot-clé et même analyse sémantique – pour comprendre votre cible. Attention, n’écoutez pas seulement vos propres communautés mais l’ensemble du Web social en affinité avec votre projet.

On pourrait citer également l’observation terrain (shadowing), par exemple en e-commerce regarder comment s’effectuent les achats en magasin, et plus largement l’immersion (se mettre dans la peau de votre utilisateur pendant une journée). Les choix ne manquent pas, et plus votre projet sera nouveau, plus il sera pertinent de mettre en place plusieurs dispositifs.

A ce stade, vous disposez de verbatims et d’insights notamment chiffrés. Il va être nécessaire d’organiser tout ceci, de mettre en forme toutes ces connaissances acquises et de les rendre plus facilement actionnables. Chez Iperiago, nous classons cette étape dans la phase suivante de la méthodologie, laquelle doit aboutir in fine à un cahier des charges, mais pour d’autres, cette mise en forme commence dès la phase d’empathie.

Phase 2 : Définir les besoins

Objectif : Synthétiser tout ce que vous avez appris pour formuler clairement le vrai problème à résoudre (pas celui que vous imaginiez au départ).

Durée recommandée : 1-2 semaines

Dans cette phase de définition, les moyens peuvent grandement varier. Il conviendra de choisir les modes de représentation qui mettent le plus à l’aise l’équipe projet, qui correspond le mieux à ses habitudes et modes de pensées.

La création de personae représentant les segments principaux de l’audience, des profils utilisateurs types, est l’un de moyens les plus utilisés. Attention toutefois à ne pas les multiplier : autant un large ensemble de profils fait sens pour des campagnes marketing, autant pour des projets numériques où l’objectif concret sera de s’assurer que toute personne qui visitera le support numérique sera aiguillée vers le bon parcours, entre 2 et 5 personae suffisent largement.

Ils doivent principalement comporter des éléments de contexte du type données socio-démographiques, ou habitudes/comportements, mais aussi un ensemble de besoins/objectifs propres, et les « points de douleurs », frustrations habituelles de ces profils. Il n’est pas utile qu’ils soient trop détaillés, et il est important qu’ils ne comprennent pas trop d’hypothèses non vérifiées. Vos données et connaissances préalables, complétées par la phase d’empathie, doivent y veiller.

En revanche, les personae devraient comporter des conclusions opérationnelles du type « un menu de premier niveau dédié est indispensable » ou « ce besoin est prioritaire ».

Pour les construire, on peut utiliser des outils intermédiaires comme par exemple des cartes d’empathie (pour chaque persona : ce qu’il pense, ressent, dit, fait, voit, entend), mais comme tout outil, il doit faire sens pour l’équipe pour être véritablement utile : ne jamais se « forcer » à suivre des méthodes potentiellement contraignantes si l’on sent que cela peut être contre-productif.

De même, des approches type MoSCoW (Must have, Should have, Could have, Won’t have), SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats), matrice impact/faisabilité où sont classés les besoins selon leur potentiel et leur faisabilité technique), des mind maps etc. peuvent avoir du sens pour vos équipes dans la phase de structuration des besoins et priorités. Choisissez ce qui convient le mieux, ce qui permet d’avancer, mais ne vous enfermez pas dans une méthode qui conduit à la stagnation.

En revanche, privilégiez l’échange mutuel sous forme de brainstorming, y compris parfois avec des utilisateurs sélectionnés (co-création) si cela est possible, notamment en B2B.

Le but final de la phase de définition est d’obtenir une première expression des besoins, un cahier des charges en quelque sorte. Ce document doit comporter a minima les éléments suivants :

  • Bien sûr la liste des fonctionnalités que le support numérique doit proposer : elles doivent résoudre des problèmes réels identifiés en amont (notion de « how might we », « comment pourrions-nous ») avec une idée des priorités (lesquelles se dégagent notamment des patterns que révèlent les insights et les personae).
  • Toute influence, inspiration pertinente vue ailleurs ou élaborée en interne (elle pourra être challengée par les designers et la maîtrise d’ouvrage, mais précise votre pensée à ce stade).
  • Les contraintes techniques, de temps, de budget.
  • La précision des rôles de l’équipe projet métier (visez 5-10 personnes grand maximum).

Et pas nécessairement plus. Nous n’en sommes pas encore au stade des spécifications. Celles-ci vont se construire dans les phases suivantes.

Phase 3 : Modéliser des solutions, des parcours

Objectif : Explorer plus concrètement les pistes et créant des modèles de parcours utilisateurs, commencer à s’intéresser au « comment ».

Durée recommandée : 1-2 semaines

Dans cette phase d’idéation s’élaborent des user flows qui tirent profit du travail précédent et sont la cartographie des futurs parcours utilisateur avant, pendant et après l’interaction avec votre organisation. Il s’agit ici de produire des organigrammes, des arbres de décision qui vont matérialiser la navigation et l’harmonie d’ensemble, parfois faire réaliser une trop grande complexité (trop d’aiguillage inutile, des parcours trop chargés, ou trop nombreux pour des besoins finalement similaires, des impasses manifestes…). On peut bien sûr confronter la cartographie envisagée et celle qui ressort de l’existant.

Comment s'assurer que votre site répondra vraiment aux besoins : la méthodologie
Exemple de user flow pour une plate-forme de contributions écrites

L’idéation est typiquement une phase où le designer, le maître d’ouvrage, va apporter pleinement son expertise. Ce n’est pas nécessairement une phase que le métier va réaliser, ni même une phase dont les résultats sont facilement partageables à toutes les parties prenantes, car les rendus peuvent apparaître austères, non finaux. Cela ne veut pas dire que le chef de projet métier et d’autres personnes importantes de l’équipe projet ne doivent pas être impliquées. Le brainstorming et ses méthodes spécifiques ont tout autant leur place ici que dans la phase de définition. Il s’agit toutefois d’avancer dans le concret, et si de nombreuses idées ou modèles surgissent, de commencer à les sélectionner pour préparer la phase suivante.

Si les user flows paraissent trop complexe, une autre approche (finalement rapprochant de la phase 4 du reste) peut consister à réaliser des storyboards pour visualiser les parcours complets. Mais l’esprit est le même.

La phase d’idéation va aussi permettre d’élaborer un user story mapping, pour visualiser les fonctionnalités selon les étapes du parcours utilisateur, mais aussi dans une logique de compartimentation de la réalisation. Ceci s’avère particulièrement efficace dans le cadre du lancement d’un MVP (Minimum Viable Product), version « minimale » de votre projet qui fonctionne et répond déjà à la majorité des besoins utilisateurs ou du moins au principal besoin.

Comment s’assurer que votre site répondra vraiment aux besoins : la méthodologie
Exemple de User Story Mapping pour un site e-commerce

Phase 4 : Prototyper (progressivement) pour tester

Objectif : Créer des versions simplifiées, voire très simplifiées, mais parlantes, pour les confronter au réel.

Durée recommandée : 2-6 semaines selon le niveau de fidélité

Il est important à ce stade de préciser que la phase 4 découle naturellement de la phase 3 et que, dans le cas de projets simples, elles peuvent à notre opinion être fusionnées pour gagner du temps. Le principe du prototype progressif consiste à ne cherchez pas la perfection immédiatement mais à construire quelque chose qui soit juste assez abouti pour tester une hypothèse critique, pas plus. Commencez au niveau le plus simple, testez, puis montez en fidélité si l’hypothèse est validée.

On distingue ainsi :

  • Les prototypes papier (low fidelity), dessins à la main sur papier ou post-its, rapides mais parfait pour brasser le champ des possibles.
  • Les wireframes, schémas numériques (réalisés avec Figma, Balsamiq, Adobe XD…), sans design visuel, focalisés sur la structure et le contenu, parfois cliquables et qui peuvent déjà être partiellement partagés. Ils peuvent suffire dans les cas simples.
  • Les maquettes haute-fidélité (high fidelity mockups), avec un design visuel réel mais non codé, cliquables (navigables), plus longs à créer mais qui peuvent être montrés à des utilisateurs finaux en phase de test.

Comment s'assurer que votre site répondra vraiment aux besoins : la méthodologie
Exemple de prototypes low fidelity

Il est aussi possible d’aller jusqu’à réaliser des prototype HTML/CSS fonctionnels, qui fonctionnent dans un navigateur mais non connectés à une vraie base de données. C’est plus long mais peut être pertinent en fonction des types de testeurs.

La notion de MVP (Minimum Viable Product) que nous évoquions plus haut, qui va permettre de tester en conditions réelles, s’inscrit dans cette logique d’itérations progressives, mais constitue déjà un produit réel, mis en ligne.

A l’issue de la phase de prototypage, on dispose déjà d’une première version des cahiers de spécifications : des spécifications fonctionnelles d’abord qui reprennent l’ensemble des travaux déjà effectués et constituent le document de référence à la fois pour les équipes projet métier et les équipes de réalisation, et des spécifications techniques qui listent les choix d’architecture et d’outils pour la future réalisation, surtout destinés aux équipes techniques mais qui intéressent aussi le chef de projet métier et le maître d’ouvrage. Ces documents sont la traduction détaillée, opérationnelle, du cahier des charges exprimant les besoins de manière simple. Bien sûr, cette première version va se confronter aux tests de la phase 5 et s’affiner.

Phase 5 : Tester avant de réaliser

Objectif : Confronter vos prototypes à la réalité, observer ce qui fonctionne et ce qui coince, apprendre et itérer.

Durée recommandée : 2-4 semaines (test + analyse + itération)

On va ici mobiliser des utilisateurs, sur la base de scénarios de tests modérés ou parfois, via une plate-forme en ligne, les faire tester de manière non modérée. On peut envisager des formes d’A/B testing sur les prototypes fonctionnels, et l’objectif va être dans tous les cas d’identifier les points d’amélioration ou les points bloquants, déterminer ce qui doit être changé, bref à chaque itération de se poser les questions : que gardons-nous, que modifions-nous, que supprimons-nous.

Comment s'assurer que votre site répondra vraiment aux besoins : la méthodologie

Un cycle itératif

Contrairement à ce que suggère la présentation en cinq étapes, le Design Thinking n’est pas une ligne droite. C’est une boucle où chaque phase peut vous ramener à la précédente.

Exemples de retours en arrière fréquents :

  • Test → Empathie : Les tests révèlent un besoin non identifié → Nouveaux entretiens utilisateurs
  • Prototypage → Définition : En construisant, on réalise qu’on résout le mauvais problème → Redéfinition
  • Idéation → Empathie : Aucune idée ne semble bonne → Besoin de plus d’insights utilisateurs
  • Test → Idéation : Le concept ne fonctionne pas → Nouvelle session de brainstorming

Bien sûr, il faut savoir s’arrêter d’itérer, quand les tests ne révèlent plus de problème bloquant ou majeur, quand les métriques de satisfaction qui ont été définies pour les tests atteignent un niveau déterminé… Mais même après le lancement, continuer de mesurer, tester, améliorer, est primordial, car le Design Thinking devient alors un processus d’optimisation continue.

L’agilité sous-jacente.

Le Design Thinking s’inscrit à notre avis dans un écosystème méthodologique plus large, qui mériterait à lui seul un article complet : la conception décrit quoi construire, les méthodes agiles types Scrum créent les conditions de comment construire en équipe, et comment itérer pendant le projet et après le projet en amélioration continue.

Dans le même esprit, une approche dite « Lean Startup » applique ces mêmes principes à l’évolution d’un business. La notion de MVP peut s’articuler avec des pivots (changement de stratégie), des logiques de mises à jour agiles, etc.


Soyons clair, l’apport du Design Thinking n’a rien de magique, reflète finalement beaucoup de bon sens, et doit clairement s’adapter à la taille du projet et à la finalité du support numérique, mais si l’on veut, en 2026, s’assurer que son projet répondra vraiment aux besoins, en connaître les principes, les livrables, et l’articulation, permet de piloter avec beaucoup plus de sérénité.

Chez Iperiago, nous conseillons à chaque étape pour ajuster au plus juste les efforts fournis au résultat final, dans une optique fondamentalement itérative mais surtout raisonnable.